mercredi 28 mai 2014

Le « Kuugarmiit Aqqutaat » tour


English version below

Nous sommes allégrement partis pour un allègre tour de ski de cinq jours. Destination une vallée tout à l’Est de l’île appelée… Kuugarmiit. Veuillez dès à présent prendre note que « kuugarmiit aqqutaat » veut dire : « le chemin de la vallée des rivières ». Facile à traduire en effet : la racine du mot est yougoslavo-latino-gréco-massaï, et veut dire : « On ira, où tu voudras quand tu voudras, et l’on s’aimera encore, lorsque l’amour sera mort ».

Ensuite, direction le Nord de l’île, avec en vue le village le plus proche de notre bon vieux Tasiilaq : Tiniteqilaaq. Retour prévu par la désormais célèbre « Kaffebaren » traduction de « coffee bar » (et oui, on progresse gentiment en danois, même si le gérondif est un tantinet compliqué). Un sommet sera skié, et nous nous sommes surpris à l’appeler le « middle summit », car il est situé pile poil au milieu de l’île, et on trouve que ça correspond bien. Ça c’est notre côté « on pinaille pas trop et on va direct à l’essentiel » qui ressort. Nos articles on sont le parfait exemple d’ailleurs : pas de blah blah, que du contenu et de l’info pertinente 100% véridique. Vous allez voir, jamais on ne s’éloigne du sujet, ne serais-ce qu’un poil de moustache. (Et pourtant de la moustache on commence à en avoir en tabarnack).

Waouh quelle annonce, ça en jette pilosité. Ceci dit, tout n’a pas été aussi hilare et enjoué. En effet, la préparation de ce tour a été perturbée par l’absence totale au supermarché de notre aliment préféré lors des trips : la purée. C’est léger à porter, efficace et pas cher comme d’autres, mais très rapide à préparer. En plus, ça fait même pas péter comme les soupes et les abricots secs ! (Si vous saviez… ça fait même office de réveil…) Mais comment faire alors? Purée, que va-t-on manger ? Du saucisson et du reblochon ? D’accord, mais les vaches ici ne peuvent pas fournir la quantité nécessaire pour nous deux et pour cinq jours comme ça, en un claquement de meuh, ça correspond quand même à 54 reblochons et 33 saucissons ! Mais no stress, le lendemain jour du départ, le seigneur de la purée (et du riz et du curry par ailleurs) nous a aidé en déposant cinq kilos de purée dans notre placard... (Et cinq kilos de riz et deux cent grammes de curry aussi…). De la purée tombée du ciel ! Merci seigneur La cantine nous a simplement donné tout ça, et on ne sais toujours pas pourquoi à l’heure qu’il est. C’est pur et maintenant on peut se tirer ! Tout ça sous un soleil de plomb (comme dans le poisson !) ça rime !

Tout le monde a une carte du Groenland chez soi ? Bien, alors prenez une carte avec vous pour suivre !

 

 
1er jour. De Tasiilaq au fjord Sammileq.

Ça commence par la traversée du Fjord vers le nord, puis direction le col situé entre les belles grosses montagnes visibles depuis la ville, sur beaucoup de photos et autres (Sofias et Polhems Fjelds). Ascension pas facile d’ailleurs, on est certes au Groenland, mais au mois de mai (quel enchaînement) la neige se fait rare par endroits, parfois soufflée, et surtout au sud proche des côtes. L’on doit donc déchausser et rechausser moult fois. Mais le granit rouge, les lacs turquoise des glaciers et la vue au col nous lancent parfaitement dans l’aventure, car c’est très mirifique, ou tout simplement trop beau sa race t’as vu cousin.

 

La descente du glacier est superbe, petite neige de printemps, vue de malade. A ce propos, nous étions tranquillement en train de viroler, comme ça par exemple.
 
 
 
 

 
Quand nous aperçûmes à l’est ça :
 
 
 
 
 
 
 
 

Que dire ? Et bien nous en sommes restés bouche bhêêê ! Et oui, que veux-tu faire d’autre ?
 

 

Nous continuons néanmoins notre descente, tout en perdant de l’altitude (ils l’ont fait !). En bas dans la vallée on traverse un lac, puis s’ensuit un repos bien mérité sur des rochers, là où la rivière commence, et c’est beau. Les reflets sont un poil rétro, tout ce qu’il faut pour éveiller nos rétine avares de panache.

 
 
 
 
Il se fait tard, et la nuit arrive dans six mois, il faut donc se lancer à la recherche d’un spot pour bivouaquer. Nos mauvaises habitudes nous reprennent, et on ne peut pas s’empêcher de poser la tente dans un endroit de rêve. Après 20kms de ski, il est 20h30 et le soleil est toujours là.



Au repas : purée thon (bée du ciel). Ce sera même purée-granit pour Seb, et apparemment le granit n’est pas super cette année. C’est toujours bon et croustillant à savoir...

 
 

Premier bivouac du trip donc, et c’est du lourd.

 
 
 
 

Nous avons même l’honneur de voir (de loin) un petit village Inuit, perché sur une toute petite île, vraiment perdu pour le coup. Ils se sont établis ici car apparemment le fjord plonge à plus de cinq cent mètres de profondeur juste à côté. Bon spot de pêche donc, et du coup, et ben, ils vivaient là ! Pourquoi utiliser le passé ? Et bien car de nombreux petits villages Inuits sont désormais inhabités, celui-ci depuis une dizaine d’années maintenant. C’est pareil pour un autre village du coin appelé Isortok. C’est peut-être triste, mais la vie est quand-même relativement plus facile en ville, à Tasiilaq (en effet il y a un bar). Tout est allé crescendo en fait : dans le passé les Inuits habitaient dans des hameaux de 2, 3 maisons (faites de pierre et de tourbe) pas plus. Pas de villages ni rien. Puis on s’est regroupé, puis récemment les gens ont décidé de quitter les villages et Tasiilaq a pris de l’ampleur. Voilà pour la partie historique. Appréciez l’ombre de la montagne, et sur la gauche devant le gros iceberg, on aperçoit un bout de maison : voici donc Qernertivartivit ! Traduction de « on ne sais pas ce que ça veut dire mais en tout cas c’est bien mignon comme nom de village », en Groenlandais de l’est. A l’ouest, ça veut plutôt dire « paraffine moyennement fluorée, neige transformée et humide, température 0° ; -3° ». Attention à ne pas confondre donc. L’erreur est vite arrivée.
 
 


Au matin, Kelu s’exclamant « comme c’est étonnant, nous avons pour ainsi dire revêtu ce charmant endroit d’un sacré bazar, je vais de ce pas me saisir de l’occasion pour réaliser une photographie ! »



En vrai il a sûrement plus dit : « putain mec check le bordel qu’on a foutu, c’est bon ça ! Bouges pas ton tougne, je vais prendre ta face de !*$#  en tof! » Désolé pour les oreilles, mais ici au Groenland, tout redeviens sauvage et authentique, les gestes redeviennent préhistoriques, un peu comme dans le Jura et en Savoie encore aujourd’hui.

 

2ème journée. Du fjord Sammilek à la pointe de Kuugarmiit

 

Grosse journée en perspective les amis. Ca commence en contournant la pointe Pitserpaajik qui nous donne le droit d’entrer dans la fameuse vallée Kuugarmiit Aqqutaat. Et d’entrée, et ben c’est pas moche. Ce que la carte nous avait promis, nous l’avons bel et bien en face de nous. Voilà le topo : une longue vallée bien sauvage et sans traces, des montagnes tombant à pic, et culminant à plus de 1000 mètres d’altitude pour certaines (à prendre en compte qu’on est au niveau de la mer), des langues glacières qui tombent, et deux skieurs en t-shirt.

 
 
 Aussi, des spots d’escalade de ouf ! Notamment le Mittivakat, oui encore un ! A croire qu’ils ne pensent qu’à ça nos amis Inuits. (cf. article « the Mittivakat tour »). Là direct on pense à notre ami Nono qui se reconnaîtra. Pour sûr que cette petite face doit faire saliver tout bon amateur de grimpe. D’ailleurs ça veut dire quoi « nono » en Groenlandais? Ca veut dire bébé ! Comme c’est mignon !

 
 
Un bout de fjord à traverser appelé Tasiilaq, (ça nous rappelle la maison) et la pause de midi se fait dans un canapé de lichen, avec s’il vous plaît la venue surprise de Monsieur le chocolat !
 
 
 
 
L’après-midi on remonte cette vallée en transpirant notre race. Trouver une rivière nous permet de faire le plein d’eau pile quand ça commence à faire soif !

 
 
 


Du beau ski, et nombres de pauses qui permettent à nos avant-bras de cramer gentiment au soleil, comme ça, tranquilles, pépères, à la bien t’as vu bro.

 


Le soir hélas, cette fâcheuse tendance à dormir dans des endroits… jolis, nous incite à admirer un coucher de soleil sur la calotte glaciaire, rien que ça. La purée au curry passe très bien du coup. On arrive encore à y redécouvrir des saveurs cachées, d’antan, et ce chaque soir. Miam !

 
 
 
 
Au premier plan, Tiniteqilaat, petit village bucolique perché entre deux fjords, dont le fameux Sermilik, blindé d’icebergs. Un must en été apparemment (À voir dans quelques mois :-)

 


Pile à notre arrivée tout un escadron de lagopèdes vient nous faire coucou ! Ils nous remercient d’avoir skié 12 heures et 30kms pour venir les admirer. Ils on eux aussi l’air d’apprécier le paysage.
 
 

 

3ème jour. De la pointe Kuugarmiit au Coffee bar.
 
Météo moins chaleureuse aujourd’hui. Pas de traversée du fjord en ski pour aller voir Tini, ni de montée sur le glacier que l’on avait prévue, car c’est brouillard ghetto. Et le froid, le vent et le grésil vont passer dire bonjour à leur tour. Ce petit grésil bien fourbe va d’ailleurs se faire une joie de coller sous les peaux à Seb, quelle joie de skier à la montée avec des skis déjà pas super lights, qui doivent bien faire quelques kilos en plus… joie et bonheur donc. Souplesse et volupté.



A midi on mérite bien notre pause à l’abri du vent, sous le fameux Ice wall, situé au glacier que nous appellerons « glacier rond ». Parce qu’il est rond tu vois… et du coup, ben pour des raisons évidentes de platitude et d’ergonomie bi conceptuelle, et après d’intenses débats, on a fait ce choix de nom. On ne dit pas qu’il est totalement adéquat, mais simplement que, à ce stade de notre avancée et à la vue des éléments dont nous disposons jusqu’à présent, cette dénomination apparaît comme la plus clairvoyante et justifiée. Voilà quoi. Pour d’éventuelles remarques ou propositions, vous êtes libres de laisser un commentaire sous l’article. En même temps on vous a dit de prendre une carte, et c’est pourtant clair que sur la carte il est rond ce glacier ! Remarque, sur la carte seulement, car pour l’instant on est dans la tempête et le brouillard, et on n’y voit pas un rond.

 
 

Arrivée à la cabane (pas de tente ce soir), après une vingtaine de kms. Contents de dormir au sec ! Au menu : croustade de mirepoix à l’estouffade. Aussi appelé plus communément dans le monde gastronomique : de la purée… Miam !


4ème jour. Aller-retour Coffee bar - Middle summit.

Au matin, deux traineaux s’arrêtent pas très loin. Blindés de matos, poulkas et tout le tralala. Quinze chiens par traineaux pour tirer tout ça… Un peu plus tard deux skieurs arrivent, et ça parle français. Aller go, on va danser ! Heu… non… discuter ! Il se trouve que ces deux camarades viennent de finir la traversée de l’Inlandsis, en 31 jours. Et pas farouches, et très bien inspirés aussi, ils ne sont pas allés à Isortok comme la quasi-totalité des expés qui terminent la traversée, non, non. En général, les sportifs du dimanche qui ont dans les dents un mois de ski sur du plat avec des congères de plusieurs mètres de haut à se taper, soixante kilos à se trimballer et parfois des conditions météos disons relativement froides et tempétueuses, rejoignent ce petit village, car en accès direct avec la calotte glaciaire. Ils font donc le trajet Kangerlussuak (côte ouest) – Isortok (côte est), pour 700 kms environ. Ensuite ils prennent un hélico jusqu’à Tasiilaq, (avant d’en prendre un autre ensuite pour rejoindre Kulusuk et l’aéroport). Nos deux compères eux, on fait appel à un mec qui gère une guesthouse et organise des trips ici, à qui on ne fera pas de pub… qui a donc envoyé deux locaux. D’abord en traineau, puis en bateau avec les chiens et tout ça pour traverser le fjord Sermilik pas gelé, puis ils ont remonté le fjord Petersen puis la calotte en traineau et récupéré le matos des skieurs en haut. Ainsi ceux-ci on pu skier la fameuse descente de la calotte glaciaire tant attendue, après 30 jours de plat, sans avoir deux poulkas derrière pesant 30 kilos chacune ! Bim ! D’ailleurs cette descente, si la neige est trop gelée, se fait parfois à pied. C’est ce qu’on appelle « les côtes » (une bonne double costale arrière croisée, au moins). Et pas feignants, une fois de retour sur l’île où se trouve Tasiilaq, au lieu de rentrer en traineau tranquille, ils ont terminé en ski ! Voilà donc deux bonhommes bien courageux qui terminent jusqu’à Tasiilaq en ski, au lieu de se balader en hélico ou en traineau. Il se trouve qu’ils ont eu une bourse « Millet expedition project » pour leur trip, le même genre que l’on a pu obtenir il y a quelques années pour aller au Kirghizistan ! C’est bien drôle dis-donc. Un Parisien et un Nantais, sans guide, qui traversent la glace pour la 1ère fois, nous on dit : joli ! C’est marrant d’ailleurs que les 2 premières personnes avec qui ils parlent (hormis les 2 locaux), sont 2 français tout poilus et barbus qui puent, au beau milieu de pas grand chose, qui chillent là, en  prenant leur petit dèj. au soleil… On espère au moins qu’il vont se souvenir de nous, comme ça ! Reste que ce trip là, pour notre pomme, et bien pourquoi pas dans quelques années, c’est un beau challenge ! Et skier sur du plat pendant un mois ça à l’air d’être vraiment du fun !
 

 

Et voilà ce fjord Petersen

Trèves de bavardages et revenons à nos renards polaires (toujours invisibles). Cette journée de ski n’est certes pas très longue, mais plus escarpée. On va enfin skier ce sommet que l’on voit depuis Tasiilaq et qu’on regarde en bavant depuis un bout de temps. 900 mètres de dénivelé Groenlandais (ça équivaut à 900 mètres chez nous, environ) avec un panorama qui se fait une joie d’accompagner notre montée. Un peu de concentration tout de même, car si la montée en ski sur le glacier est bien urbaine, l’arrête finale est du genre « attention faut pas tomber ».
 
 

Du coup, bien concentré en chantant du Joe Dassin, on n’est pas tombé. Et une fois passé, c’est « highway to the summit » (« frachtefruscht » en danois).
 

Le sommet du milieu, situé au milieu de l’île rappelons-le, nous offre une vue pas dégueulasse à 360° sur à peu près tout ce qu’on pouvait excepter en venant au Groenland. Sauf des joueuses de beach-volley suédoises en bikini, ça on a pas vu. Ceci dit, ça pourrait même être un peu moins beau que ca serai déjà pas mal ! Mais bon, on prend ce qu’il y a hein. Après un repas au sommet, et avant la redescente, Seb fait un gros « Hey Saalut! » à tout ça, car dans une semaine il sera dans l’avion pour d’autres destinations (l’Islande pour son climat tropical et ses suchis, mais pas pour les meufs).
 
 



On voit même Tasiilaq. Aller on cherche, vous devez commencer å connaître le coin, non? (Tout au fond, un peu å gauche t´as vu)
 
 
 
La descente est comme d’hab’: fun. Un grand glacier à skier, facile, le paysage, le sourire, les suédoises enfin arrivées (elles ont pas froid en bikini ?)
 
 
 

A la descente, faute de pouvoir sauter une cabane ce coup là, Seb se fait le petit kiff de cabrioler avec du sérac. Un petit double cork 1080 en nose grab années 60, c’est rétro, efficace et pas cher. Le petit plus : les dreadlocks en feu, ça ajoute de la couleur et de l’odeur (pour l’odeur c’était pourtant correct, on commence à avoir ce qu’il faut, on a même du stock). Dommage, pas de photo pendant le saut, tout est allé bien trop vite. Et cet ours qui grattait les oreilles à Kelu l’a empêché d’appuyer sur le bouton de l’appareil. En effet, comment faire un Ippon suivit d’un Tchao Mata et d’un bon coup de poing dans les testicules à un ours polaire de trois cent kilos, tout en prenant une photo en même temps ? Pas facile hey. (Bon déjà, heureusement que l’on connaît bien l’anatomie des ours, ça aide. Mais ça c’est le genre de truc qui fait partie de nos compétences).
 
 
 
 
 
 
 


Retour à la « casa », contents. Ça se voit non ?
Oui oui.


 

5ème jour. Coffee bar – Tasiilaq

Petit plaisir, pour ce retour qu’on a déjà skié par le passé. On se met une petite mission «  by night » en américain du nord. Mais « nuit », c’est un bien grand mot, car à la mi-mai, elle ne ressemble plus qu’à quelques heures où il fait un peu plus sombre, c’est tout. Avis donc à tout ceux qui on peur du noir ou plus de pile dans leur frontale, c’est très pratique. Réveil à minuit donc, dur quand même. Mais le ski qui suit est légen… attend la suite…daire ! Légendaire ! Avec un petit levé de soleil à l’ancienne (comme les chips), et de la neige bien dure du matin qui nous fait filer à vive allure.

 
 
Le petit café sur le fjord, au soleil, à cinq heures du matin après avoir skié une vingtaine de kms, reste un souvenir assez correct. Les qualificatifs qui nous viennent à l’esprit sont : en vogue et bien odorant. Un peu comme dans les années soixante quoi. C’est dire.
 Pas fatigués, (jamais), et aussi pour dire qu’on ne s’est pas trimballé le matos de pêche pour rien pendant cinq jours, on se paye le luxe de pêcher avec les locaux déjà chauds de la cuillère à 5h30 ! Pas de stress, c’est un jour comme un autre au bureau, chill, relax, peace and love, abondance, beaufort et rock n’roll. Ça va plutôt bien.

 
 
Et voilà, c’est le dernier trip de ski à deux pour cette épopée Groenlandaise. C’était magnifique, on commence a bien avoir bien ratissé une bonne partie de l’île, mais on a toujours pas croisé d’ours, hélas. De grandes étapes et des plus petites, le soleil et la tempête, des vallées, du glacier, un sommet, un col, du ski de « nuit », un couché de soleil qui dure des heures, des séracs de plusieurs B.A.G.S. de haut, de la faune et des bivouacs fantastiques… Une centaine de kilomètres parcourus et cinq jours de ski. Ou plutôt 4 jours et une demie nuit. Ça ferai un joli nom de film tiens.

On s’est bien bien (bien) gavé.

Conclusion : « ha les batards ! »

 
 
Sourires
 
 

 

« The Kuugarmiit Aqquttaat tour »

We left for a 5 days ski trip. Direction a valley on the very east of the island : the Kuugarmiit Aqqutaat. It means « the trail of the valley of rivers »

After that, let’s go up north on the way to the closest village of our hometown Tasillaq : Tiniteqilaat. The way back will be by the « Kaffebaren », what means « Coffee bar » (yes we are getting better in danish hey). We gonna ski a summit, the « middle summit » we call it like that because it’s right in the middle of the island, so it looks good like that. You can see how efficient we are, straight to the subject, no blah blah.

Everything didn’t start that well, because we could’nt find our favorite food at the supermarket : mushpotatoes. Light, quick and easy to cook, it’s the perfect food to get on this kind of trip. And we not fart as much as we do when we eat soups and dry apricots ! So what are we gonna do ? Eating only french cheese ? Maybe, but for two of us for 5 days, it’s still hundreds of kilograms of cheese. And the cows over there can’t give us that much… But no stress dude, we got a surprise in the morning : 5 kilograms of mushpotatoes in our kitchen (and 5 kgs of rice, and curry…) The cantine gave us that food, we still don’t know why, but thank’s god.

 

1st day : Tasiilaq au fjord Sammileq

We cross the fjord to start, and we cross the pass between the besutiful mountains we can see from downtown ((Sofias and Polhems Fjelds). It’s not that easy by the way, on this part of the island, there is not that much snow left, and we have to put on and off the skis quite a lot. But whatever, it’s very beautiful there.

After we reached the pass, we were skiing down the glacier, nice down : wide, spring snow, safe… when we saw this amazing view you can see on the picture. We just couldn’t keep going skiing, too nice.

Well, we had to keep going, because the night is coming in 6 months. So we set up the tent in a « not that bad » place. View on fjords, mountains, glaciers…

We can also see a small village, lost in a cute island : Qernertivartivit . People used to live here, because the water is very deep there, and so it’s a nice fishing spot, and so they succeed to live there, that’s it. But now it’s abandoned. A few small villages are getting abandoned since around 10 years. Life is way more easier in a city like Tasiilak. It’s the same for an other village around call Isortok.

Please enjoy the mess on the morning, « I need to do a picture » said Kelu.


2nd day : from the Sammilek fjord to Kuugarmiit

Well, this day was awesome. The valley is surounded by so many steep mountains. Crazy spots to do some climbing, crazy couloirs to ski. Pics are higher than 1000 mettres, and we are on sea altitude. We are a bit burning up, because the sun is shining a lot. But Mister chocolate came at lunch to visit us up there ! Thx ! And it’s hard to find some water. We finally cross a river when it was getting thirsty.

On the evening, we still have those bad habits, and 30 kms and 12 hours later, we set up the camp in a wonderfull place. Sunset on the inlandsis, view on fjords, and the small village of Tiniteqilaat. We finally see some birds, lagopedes in french. Looks like they enjoy the view as much as we do.


3rd day : From Kuugarmiit to the Coffee bar

A very bad weather today. We couldn’t do anything we wanted to. We can’t ski that glacier because it’s foggy, windy, snow is coming and it’s getting cold as well. So we kept going by an easier way, the circle glacier and his ice wall. We call it « circle glacier » because it’s circle, so we were thinking about it could be a nice name for it. We don’t want to be too fast or anything, but so far, it looks likes it could be a good name. If you got any suggestions, ideas or anything (a nice joke for example) please leave a comment ! On the evening, we got the hut and it’s nice to sleep on a dry place. Mushpotatoes for dinner, miam !


4th day : Coffee bar - Middle summit and return

On the morning, we met 2 Frenchies who just finished to cross the Inlansis. Usually, people finish in Isortok and come to Tasiilaq by helicopter (and then an other to Kulusuk and the airport). But they had an other idea, and it’s very interesting. Usually people do Kangerlussuak (west coast) – Isortok (est coast), for around 600 kms. But they finished straight to Tasiilaq. 2 locals came by boat to the Petersen fjord, and climbed the inlandsis in dog sled, took all the stuff of the 2 skiers. So then, they could ski down the ice without 2 crazy pulkas and the back (around 20-30 kgs each… and you got 2 of them per person). After 30 days of skiing on the flat, you can be happy to have nice turns in the way down. Especially if its icy, you just walk ! Because the pulkas push you down and it’s to dangerous… And then they cross the island to arrive by ski to Tasiilaq… nice.

We are the first people they see after 30 days of skiing, having breakfast in the sun, beardy  and smelling like old cheese… they gonna remember us J

So, this is not a long day, but a very beautiful one. Ski up this summit, where the view is amazing, everything we could expect is here. The 360° view got everything… but no swedish beach-volley swedish gitls players… we didn’t see that there.

A nice lunch there, and before to ski down Seb say a nice farewell, because in one week he’s gonna be in Iceland (for the tropical weather and the sushis, not for the girls).
The ski down is nice : in front of this amazing view, the glacier is easy to ski… perfect.

And because he couldn’t jump above a hut this time, Seb choose to jump an ice wall, a nice cork 1080 nose grab, easy and quick, but even better with the dreadlocks in fire, made colors and odors (even if we didn’t need that, we got enough odor with us, we even have some stock).


5th day : Coffee bar – Tasiilaq
We´ve already been skiing this part in the past. So why not doing it « by night »? Well, this times the night looks like just a few hours where it´s a little bit more dark, but that´s it. If you are sacry of the night or you don´t have some battery left on your headlamp, it´s good to know that. And the snow is good strong and so very fast. A nice sunrise on a frozen lake, a good coffee on a fjord at 5am... it´s priceless.
And because we still wanted to use the fishing gear that we´ve been carrying for 5 days... we have been fishing with the locals, already there at 5.30 on the morning !
So : glaciers, ice walls, awesome places to sleep, hard sun, a storm, a summit, a pass, birds, a very long sunset, ski by « night »... awesome.
5 days, or better, 4 days and half of a night. It could be a nice movie´s name by the way.
Conclusion : « you bastards ! »

mardi 20 mai 2014

La pêche au trou, pourquoi eux ils y arrivent et pas nous.


La pêche au trou, pourquoi eux ils y arrivent et pas nous.

 
Apres le brillant article « inuit life » où il a été question des évolutions de la culture Groenlandaise, il est temps de vous faire partager une pratique inchangée de cette dite culture : la pêche au trou, car effectivement, ils ne pêchent toujours pas à la grenade.
Nous tenteront de répondre a cette difficile problématique, photo à l’appui, « pourquoi eux ils y arrivent et pas nous… »
 
Cadre général :
Bon alors déjà, la pêche au trou c’est pas nouveau, on vous passe les détails de l’histoire, mais si il y a des Hommes qui ont réussi a survivre sur ce caillou gelé (sur lequel les vikings n’ont pas fait si long feu) c’est qu’ils maitrisaient cette technique (et d’autres) à la perfection, et ce depuis toujours. Et pour cause, il n’y a guerre de sanglier, de chevreuil a chasser, y a pas de vaches pour faire du reblochon, les céréales et les pommes de terres ne poussent pas (presque pas), et il n’y a pas d’herbe non plus (et là on est formel).
Le poisson a donc toujours constitué l’ordinaire, cru, séché, fumé, bouilli… il fallait donc bien le « pécho » ce foutu poisson, quitte à péter un mettre de glace, et nos Inuits sont doués à cela.



 Notons au passage que dans certaines régions isolées du Groenland, où les produits de la mer restent l’exclusif pain quotidien, et grâce au miracle de notre évolution, le lait des femmes est concrètement considéré comme déchet toxique. Hé oui, l’Homme est le dernier maillon de la chaine alimentaire… (N. Dubreuil, in aventurier des glaces), et encore ça devait être avant Fukushima, bref, on s’éloigne un tantinet du sujet.
Suivant les régions, on mange plus ou moins de poisson ou de phoque, ça dépend, les eaux peuvent parfois être plus propice a l’un ou à l’autre. A Tasiilaq, les eaux sont très poissonneuses, mais uniquement pour les Inuits.  
Un peu de Toponymie, nous sommes en effet sur l’île d’Ammassalik, comprenez « l’île où l’on peut pêcher les Ammassak (Capelan si l’on ne s’abuse) ». Ce poisson est arrivé par banc entier il y a quelques semaines, et c’était grande ripaille et joie pour nos amis pêcheur de changer enfin de poisson, plein le cul de la morue… c’est un très bon poisson, la coloc’ nous en a fait, et avec les arrêtes on peut faire des cures dents, des piercings, et pleins de truc inopinés.
Les Inuits sont très nombreux à venir pêcher sur le fjord, notamment les jours où le soleil chauffe, en famille, entre potes, avec des bières ou pas.

 



 Alors oui, la pêche ça leur permet déjà de manger, c’est également une source de revenus pour nos amis Inuits qui nous proposent parfois du poisson juste devant le supermarché.
Ils parviennent donc à capturer de très belles prises.
 Mais comment font ils ? C’est quoi l’astuce? Pas de grenade vraiment ? Du Chlore alors ? Une batterie de camion ?
Que nenni mes amis, loin de nous les méthodes douteuse de pêche utilisés  par les usines et autres scieries de la Vallée Verte dans notre douce Menoge.
Le concept ici est simple, ancestral, et fiable (simple, oui enfin surtout pour eux, parce que bon le chlore ça marche quand même bien). Un trou dans la glace, un fil, un appât, et on laisse descendre tout ça au fond du fjord, soit 150 m (ou 1 BAG, unité de mesure contemporaine…). Ensuite on fait bouger l’appât, et on attend la touche. Il est peut être la le truc : « attendre », parfois des heures…
Et voilà c’est aussi simple que ça…
Alors après cette analyse anthropo-socioculturelle, appuyons nous maintenant sur l’exemple de « Kelu à la pêche » pour comprendre pourquoi nous on y arrive pas…

 
Partie 2 : Kelu à la pêche.

 Voici donc un schéma représentant une scène de pêche idéaliste telle que vous l’imaginez d’après les descriptions effectuées dans la dite (à-Guigui) analyse anthropo-socioculturelle.

 

Schéma n°1 : résumé du cadre théorique

Nous avons donc ici :
-Quelques poissons un peu stupides, n’ayant pas de raisons de pouvoir discerner la différence entre l’hameçon d’un inuit et le notre, et prompt à se suicider sur le dît (a-guigui) hameçon.
-Un pécheur attentif et éveillé, habillé, qui ne montre pas ses fesses.
-Une belle ligne qui « présente bien », sans noeuds, que le pêcheur tiens fermement dans sa main.
Peut être me voyez vous venir, mais attendons la chute, explications en images et dessins « des familles » svp.

 Ça commençait presque bien, niveau attentivisme et éveillation. Grâce a son ouïe surdéveloppée,  Kelu avait même repéré le coin ou les poissons semblaient faire un « after » ils écoutaient la chanson « Jimmy » des « Moruearctique » (traduction groenlandaise du groupe « Moriarty »).
 



Niveau pécheur heureux, il n’y a pas à dire, on était au sommet.



Mais évidemment, 1mn et 12 s plus tard, Kelu a été rattrapé par les doux rayons de notre cher astre solaire, et c’était donc le début du drame, enveloppé et cajolé par cette couverture bien chaude, il commença a sombrâtes dans les bras de Morphée. Il n’était donc plus disposé a réagir aux éventuelles touches des poissons, bien trop occupé alors à baver sur le fjord pour en régénérer la glace (berk).

 
 

 Niveau ligne qui « présente bien », ce n’était pas vraiment ça non plus… on peut considérer dès maintenant que Kelu a développé des habiletés personnelles, en terme d’emmêlage de ligne, apte à le dégouter de la pêche (oui oui, savez vous si il existe une VAE « emmelage de ligne » ?)



 
Faisons maintenant un point schématique sur ce qui se passe sous la glace au même moment, et tentons de comprendre comment réagissent les poissons à tout ce foutu brin.

 

 
Alors oui, les poissons étaient donc bien decidés a venir nous voir. Ils voulaient verifier un bruit qui courait dans le fjord comme quoi deux Français, un avec un calamar sur la tête et un autre avec une chemise a carreau qui sent le renard faisandé, auraient débarqués dans le secteur.

Nous avons donc rapidement compris qu’il venaient pour se foutre de notre gueule, et là, on leur a dit, « Tu pousses le bouchon un peu trop loin Maurice… »



 A ce stade là, plus possible de faire machine arrière, nous decidâmes de prendre le taureau par les cornes, ou plutôt la morue par le barbillon, on allait quand même pas se laisser emmerder par des morues, c’est pas notre genre.

Kelu, une fois réveillé, à donc pris les chose en main, à sa manière.

 
Et du coup en dessin ça donne ça.

 

Conséquences dramatiques, les poissons ont deserté le Groenland, et la survie du peuple inuit semble compromise. A l’internationnale, la disparition des bancs de morue de l’atlantique nord suscitte de nombreuses réaction, leur absence dans les eaux internationale pose problème, et l’Angleterre a aussitôt accusé les Islandais d’une surpêche clandestine. Il semblerait donc bien qu’une nouvelle guerre de la morue se prépare en Europe, probablement bien plus grave que celles qui ont eu lieu par le passé, car ce coup la il n’y a pas d’issue… Après ce qu’elle viennent de voir, les morues de reviendront jamais…

 
…et du coup, ça explique qu’on arrive pas a en pêcher, puisqu’il n’y en a plus...

Prochain article, notre petite session de 5 jours a ski, à la recherche de skip le caribou et de Nanouk le jovial.

Salut!