mardi 20 mai 2014

La pêche au trou, pourquoi eux ils y arrivent et pas nous.


La pêche au trou, pourquoi eux ils y arrivent et pas nous.

 
Apres le brillant article « inuit life » où il a été question des évolutions de la culture Groenlandaise, il est temps de vous faire partager une pratique inchangée de cette dite culture : la pêche au trou, car effectivement, ils ne pêchent toujours pas à la grenade.
Nous tenteront de répondre a cette difficile problématique, photo à l’appui, « pourquoi eux ils y arrivent et pas nous… »
 
Cadre général :
Bon alors déjà, la pêche au trou c’est pas nouveau, on vous passe les détails de l’histoire, mais si il y a des Hommes qui ont réussi a survivre sur ce caillou gelé (sur lequel les vikings n’ont pas fait si long feu) c’est qu’ils maitrisaient cette technique (et d’autres) à la perfection, et ce depuis toujours. Et pour cause, il n’y a guerre de sanglier, de chevreuil a chasser, y a pas de vaches pour faire du reblochon, les céréales et les pommes de terres ne poussent pas (presque pas), et il n’y a pas d’herbe non plus (et là on est formel).
Le poisson a donc toujours constitué l’ordinaire, cru, séché, fumé, bouilli… il fallait donc bien le « pécho » ce foutu poisson, quitte à péter un mettre de glace, et nos Inuits sont doués à cela.



 Notons au passage que dans certaines régions isolées du Groenland, où les produits de la mer restent l’exclusif pain quotidien, et grâce au miracle de notre évolution, le lait des femmes est concrètement considéré comme déchet toxique. Hé oui, l’Homme est le dernier maillon de la chaine alimentaire… (N. Dubreuil, in aventurier des glaces), et encore ça devait être avant Fukushima, bref, on s’éloigne un tantinet du sujet.
Suivant les régions, on mange plus ou moins de poisson ou de phoque, ça dépend, les eaux peuvent parfois être plus propice a l’un ou à l’autre. A Tasiilaq, les eaux sont très poissonneuses, mais uniquement pour les Inuits.  
Un peu de Toponymie, nous sommes en effet sur l’île d’Ammassalik, comprenez « l’île où l’on peut pêcher les Ammassak (Capelan si l’on ne s’abuse) ». Ce poisson est arrivé par banc entier il y a quelques semaines, et c’était grande ripaille et joie pour nos amis pêcheur de changer enfin de poisson, plein le cul de la morue… c’est un très bon poisson, la coloc’ nous en a fait, et avec les arrêtes on peut faire des cures dents, des piercings, et pleins de truc inopinés.
Les Inuits sont très nombreux à venir pêcher sur le fjord, notamment les jours où le soleil chauffe, en famille, entre potes, avec des bières ou pas.

 



 Alors oui, la pêche ça leur permet déjà de manger, c’est également une source de revenus pour nos amis Inuits qui nous proposent parfois du poisson juste devant le supermarché.
Ils parviennent donc à capturer de très belles prises.
 Mais comment font ils ? C’est quoi l’astuce? Pas de grenade vraiment ? Du Chlore alors ? Une batterie de camion ?
Que nenni mes amis, loin de nous les méthodes douteuse de pêche utilisés  par les usines et autres scieries de la Vallée Verte dans notre douce Menoge.
Le concept ici est simple, ancestral, et fiable (simple, oui enfin surtout pour eux, parce que bon le chlore ça marche quand même bien). Un trou dans la glace, un fil, un appât, et on laisse descendre tout ça au fond du fjord, soit 150 m (ou 1 BAG, unité de mesure contemporaine…). Ensuite on fait bouger l’appât, et on attend la touche. Il est peut être la le truc : « attendre », parfois des heures…
Et voilà c’est aussi simple que ça…
Alors après cette analyse anthropo-socioculturelle, appuyons nous maintenant sur l’exemple de « Kelu à la pêche » pour comprendre pourquoi nous on y arrive pas…

 
Partie 2 : Kelu à la pêche.

 Voici donc un schéma représentant une scène de pêche idéaliste telle que vous l’imaginez d’après les descriptions effectuées dans la dite (à-Guigui) analyse anthropo-socioculturelle.

 

Schéma n°1 : résumé du cadre théorique

Nous avons donc ici :
-Quelques poissons un peu stupides, n’ayant pas de raisons de pouvoir discerner la différence entre l’hameçon d’un inuit et le notre, et prompt à se suicider sur le dît (a-guigui) hameçon.
-Un pécheur attentif et éveillé, habillé, qui ne montre pas ses fesses.
-Une belle ligne qui « présente bien », sans noeuds, que le pêcheur tiens fermement dans sa main.
Peut être me voyez vous venir, mais attendons la chute, explications en images et dessins « des familles » svp.

 Ça commençait presque bien, niveau attentivisme et éveillation. Grâce a son ouïe surdéveloppée,  Kelu avait même repéré le coin ou les poissons semblaient faire un « after » ils écoutaient la chanson « Jimmy » des « Moruearctique » (traduction groenlandaise du groupe « Moriarty »).
 



Niveau pécheur heureux, il n’y a pas à dire, on était au sommet.



Mais évidemment, 1mn et 12 s plus tard, Kelu a été rattrapé par les doux rayons de notre cher astre solaire, et c’était donc le début du drame, enveloppé et cajolé par cette couverture bien chaude, il commença a sombrâtes dans les bras de Morphée. Il n’était donc plus disposé a réagir aux éventuelles touches des poissons, bien trop occupé alors à baver sur le fjord pour en régénérer la glace (berk).

 
 

 Niveau ligne qui « présente bien », ce n’était pas vraiment ça non plus… on peut considérer dès maintenant que Kelu a développé des habiletés personnelles, en terme d’emmêlage de ligne, apte à le dégouter de la pêche (oui oui, savez vous si il existe une VAE « emmelage de ligne » ?)



 
Faisons maintenant un point schématique sur ce qui se passe sous la glace au même moment, et tentons de comprendre comment réagissent les poissons à tout ce foutu brin.

 

 
Alors oui, les poissons étaient donc bien decidés a venir nous voir. Ils voulaient verifier un bruit qui courait dans le fjord comme quoi deux Français, un avec un calamar sur la tête et un autre avec une chemise a carreau qui sent le renard faisandé, auraient débarqués dans le secteur.

Nous avons donc rapidement compris qu’il venaient pour se foutre de notre gueule, et là, on leur a dit, « Tu pousses le bouchon un peu trop loin Maurice… »



 A ce stade là, plus possible de faire machine arrière, nous decidâmes de prendre le taureau par les cornes, ou plutôt la morue par le barbillon, on allait quand même pas se laisser emmerder par des morues, c’est pas notre genre.

Kelu, une fois réveillé, à donc pris les chose en main, à sa manière.

 
Et du coup en dessin ça donne ça.

 

Conséquences dramatiques, les poissons ont deserté le Groenland, et la survie du peuple inuit semble compromise. A l’internationnale, la disparition des bancs de morue de l’atlantique nord suscitte de nombreuses réaction, leur absence dans les eaux internationale pose problème, et l’Angleterre a aussitôt accusé les Islandais d’une surpêche clandestine. Il semblerait donc bien qu’une nouvelle guerre de la morue se prépare en Europe, probablement bien plus grave que celles qui ont eu lieu par le passé, car ce coup la il n’y a pas d’issue… Après ce qu’elle viennent de voir, les morues de reviendront jamais…

 
…et du coup, ça explique qu’on arrive pas a en pêcher, puisqu’il n’y en a plus...

Prochain article, notre petite session de 5 jours a ski, à la recherche de skip le caribou et de Nanouk le jovial.

Salut!

3 commentaires:

  1. Ahaha top ! Continuez les copains c'est génial, on attend la suite avec impatience ! :)

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  2. Extraordinaire ! Bon après si Kelu montre ses fesses aux poissons, après il faut pas s'étonner qu'ils se soient barrer !

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  3. Bon avant de vous voir dépérir complètement, y a moyen de vous envoyer du rebloch ou bien ?

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