jeudi 5 juin 2014

Inuit ski


English below

C’est toujours blindé de neige par ici, donc on peut toujours parler de ski non ?
Peut-être l’avez-vous remarqué, mais nous avons amené notre matos de ski avec nous, ici au Groenland.
Le potentiel de la région est infini (oui oui, infini). Le nombre de montagnes à rider en ski de rando se compte en centaine de billions de milliard (à une cinquantaine près). Et le nombre de kilomètres possibles en rando nordique est lui aussi assez important pour avoir assez à skier pendant des siècles (en skiant vite).

Mais l’objectif dépasse notre seul plaisir… Attend, je vais la mettre en italique cette phrase :

« L’objectif dépasse notre seul plaisir »

Ça en jette non ?
Non ? Bon ok, continuons alors.

Ceci dit, nous voulons quand même partager, grands humanistes que nous sommes. A l’image de Voltaire et Rousseau (rien que ça) on veut révolutionner tout ça. Notre idée : et bien que les gens (et surtout les jeunes) se rendent compte que le ski c’est fun, et pratique ! Car en effet, pas grand monde ne skie ici, malgré l’énoorme potentiel. Le petit téléski est surtout fréquenté par des danois, et principalement par les enfants. Très, très peu d’adultes locaux sont surpris à viroler sourire en coin. C’est même encore considéré comme une sorte de tabou de skier pour une femme. Et, en gros, les gens croient ne pas aimer ça : « c’est ennuyant en tabarnack » qu’ils disent. Sans même avoir jamais essayé.

Attention, ceci est le cas ici à Tasiilaq. Dans les villages, on s’y risque un peu plus. Sur la côte ouest beaucoup plus aussi, les gens sont plus ouverts d’esprit. Le ski y est donc bien plus développé. Les prochains jeux arctiques d’hiver vont d’ailleurs avoir lieux à Nuuk en 2016. Ski alpin, nordique, biathlon même, snowboard raquette à neige, jeux de lutte, tout un tas de sports en salle : football (bien sûr, c’est impensable sans foot ici), tennis de table, volley, badminton, aussi du hockey sur glace (sport totalement absent ici mais très populaire en Alaska et au Canada donc présent aux jeux), et des jeux Inuit.

A Tasiilaq donc, la majorité de la population ne quitte jamais la ville. En dehors du centre, c’est terrain inconnu. En hiver ça vadrouille encore pas mal en motoneige et en traineau, mais en été à part les touristes qui viennent marcher, c’est vide dés qu’on sort du centre. Le terrain, le pays, devient de plus en plus inconnu pour sa population. Et les jeunes sont particulièrement concernés.
Découvrir une nouvelle manière de bouger, de voir son territoire, tout en s’amusant et en faisant du sport, voilà quelques objectifs des initiations au ski que l’on a mis en place ici !

A savoir que l’école possède tout un tas de matériel, alpin et nordique, mais très peu, voire même pas du tout utilisé. C’est tout neuf, parfois encore emballé dans les cartons ! Alors on sort tout et on y file aux gosses !

C’est partit ça va être rock ! Yeah !
Echec complet.
Quatre tentatives, et personne ne s’est montré. L’idée était de skier après les cours. Car dès qu’ils sortent de l’école, à part du foot, les jeunes n’ont pas grand chose à faire ici. Alors c’est jeux vidéos, cigarettes et tout ça… Mais pas beaucoup d’intérêt n’est montré

Pas abattu, on réessaye pendant les vacances de Pâques. « Ça va les occuper pour les vacances ! » qu’on s’est dit. Quelle bonne idée !

Personne.
Là ce n’est même pas l’échec, c’est les côtes.

Passons outre, et on se lance dans une dernière tentative. Directement pendant les cours « à la place du cours de sport ».
« On va pas en cours alors, Ostie de calice ? » qu’ils demandent.
Pas décontenancés, on répond « C’est ça, mec ».
Alors là direct ils sont chauds. Patates même. Enfin quelques-uns seulement. Sur la trentaine que contient la classe, onze sont partants. Le lendemain au rendez-vous c’est le suspens… (On s’en ronge les ongles)
Finalement sept se montrent !
On a réussi, on est donc des humanistes, à pied d’œuvre, ou à ski d’œuvre. Seb se renomme « Volt air », car ses dreadlocks sont parfois électrifiées (ça évite que les jeunes touchent tout le temps). Kelu se renomme « Roux saut », car sa barbe prend des teintes rousses, et il est un peu bête (il faut l’avouer).
C’est la 1ère fois pour cinq d’entre eux J

Ballade dans la vallée des fleurs. Qu’on va renommer elle aussi, pour le coup : « La vallée de la bougnette ».
Ils n’ont jamais skié, ce n’est pas damé, tout mou car le printemps, ils font du classique sans écaille, avec des skis de skating, mais ils s’en sortent, comme des rocks star. On passe dans des endroits inopinés, des pentes bien raides, jamais ça ne ralle, au top.
Les jeunes sont vraiment costauds ici. Habitués à jouer dehors depuis tout jeune, ils sont très débrouillés. Reste à savoir comment utiliser ce potentiel, et le ski est un exemple.




On les surprend à prendre tout un tas de photos, on est pourtant à deux pas de chez eux ! Certains avouent n’être pas venu ici de l’hiver, et pourtant vous savez comme c’est pas mal beau dans le coin.

On y va avec de la technique du « drès dans le pentu » (expression désormais courante à Tasiilaq). Quand il n’y a plus de neige ? Ça passe quand même tiens. « Le lychen ski »





Ça part dans tous les sens, ça tombe de partout, mais ça rigole et ça apprend.









Tous sont fan, et nous aussi. Sourires, joie. Volupté.
  


La semaine d’après, on n’a même pas assez de matos pour tout le monde. Thérèse, qui est ponsable du matos (Mme Thérèse Ponsabledumatos), nous fait de grands yeux : « Quelle réussite les amis ! » Le bouche à oreille a fonctionné. Et en plus, il fait grand beau. Direction le fjord, avec cette fois-ci dix-sept jeunes. Mis à part les quelques-uns de la semaine précédente, c’est la 1ère fois sur des skis pour eux !
On est bien contents.







On rejoint une île au milieu du fjord. Ça admire la vue.










Faut dire que c’est beau.




Ça descend à donf






On est partis plusieurs heures, et ça ne bronche pas au retour.





Mission réussie. Satisfaction.




On a même le droit à ce jeu « spécial printemps arctique » (très fun d’ailleurs). Ça consiste à sauter de glaçons en glaçons qui bougent, sans se mouiller les pieds




Ou se faire « prisonnier » de l’eau




Il faut bien réfléchir à sa trajectoire avant de s’élancer…




L’ultime récompense est de tomber dans l’eau. Sympas les potes qui épongent les habits de notre grand gagnant du jour.



Mais pas pleurnichard il s’en sort indemne. C’était très, très (très) marrant J
A ce propos, une fois, à 5h du matin, après la fermeture du bistrot... on s’est surpris à être un peu trop confiant avec Seb, on est rentré mouillé chez nous… J

Dommage que le printemps soit définitivement arrivé et que les conditions soient trop compliquées pour skier avec des débutants désormais. Mais en espérant que les prochains hivers, quelqu’un prenne le relais !




Voilà, en conclusion le ski, le sport en plein air en général, ça peut fonctionner avec les jeunes ici, il faut juste trouver le bon moyen pour amener la chose. Ils peuvent être très motivés, mais à certaines conditions. En trouvant la bonne approche, on peut les éloigner du football et de l’ennui, et pour de bon je pense. Ils ne demandent qu’à ce qu’on les aide à exploiter ce formidable potentiel. Il y a de très grosses capacités ici, il faut les cultiver, et les cours de sport à l’école, entre autre, devraient plus s’en donner les moyens.


Sourires, joie.


 
 
 
 
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Inuit ski
 
There is still quite a lot of snoe up here, so we can still speak about ski ?!
We try to initiate kids to ski up here. Even if this place is amazing for any kind of outdoor activities, people don’t use this potentiel that much. It’s still a kind of « tabou » to ski for the locals adults here, especially for the women. It’s different for the kids, but still, if the parents don’t do it, kids are never gonna put skis on, or just doing some outdoor activities outside of the city. There is something very interesting : the parents, and basicly the locals, are very afraid to see kids going outside of the marked trails, because of the polar bears, the icebergs, the cold water, the moving stones… This population use to drive on sled dogs, on kayaks for hours for hunting or fishing, but now, the landsacpe is becoming unknew, especially for the new generations.
This is a fact here, in Tasiilaq, a large city on the west coast. On smaller villages, it’s quite different, and on the west coast, people are more open minded about those kind of sports. This is not for nothing that the next arctic winter games gonna happened in Nuuk, in 2016.
Then, with our love of skiing, we want to show them how fun it is. Cross country skiing is a nice way to move around the city, to have fun and to enjoy a physical exercise.
And the school got very nice equipment, but nobody use it that much so let’s give it to the kids, play outside and forget football for a while.
 
First we try as an « after school activitie ». nobody show up, a few times.
Then, we try as an holiday activitie (eastern holidays), nobody come.
Whatever, we still believe on it, so let’s keep trying. The last chance is an initiation as a sport lesson.
« We go skiing instead of going in the sport center for the sport lesson ». This idea got the kids more interested. 11 of them say yes. On the appointment the next day : 7 of them finally show up. This is the first success. Happy.
This is spring slready, the snow is soft, of course it’s not groomed and outside of the tracks, they do classic skiing with skating skis, and they rock it. And it’s the first time for the most of them.
Kids are very strong up here, they used to play outside since they are very young, and we can see it. The conditions are quite scatchy, but they love it.
 
The next week, we don’t even have enough ski for everybody. 17 kids skiing on the fjord, with a sunny weather and enjoying the view. This is perfect.
They definitely like it, all the picture they take show us than there have not been there since a while. And we are so close from downtown.
 
On the way back we play this game where you have to run on the ice blocksé You don’t want your foot wet, or to fall on the water, So you have to think about the right way to go before you start running or jumping. It’s very funny to do. One if the kid felt on the water by the way.
It happened to us as well : 5 am, after a long night at the bar, too much confident, we went back home very wet… :-)
 
So, this experience show us that kids love new activities. They are very strong, they love competition, and they can be very motivated. Thay need more of those outdoor activities, we just need to find a correct way to show them that’s it’s fun and that they can do it. Thay are very big capacities around here, so let’s use them !
 
 

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